■ nobody said it was easy ■
« à nos vies de merde, dans ce monde de merde, qui tire à sa fin. »

♣ act I « sometimes i feel like faking my death just to see who would care »

« Cher inconnu, si tu tombes sur cette lettre cher inconnu, c'est qu'elle aura traversé le monde, dans ces périples les plus atroces, parcouru les profondeurs des océans, affrontée les pires difficultés, gravi des montagnes, versé quelques larmes. Si tu ouvres cette lettre cher inconnu, c'est que tu es curieux de découvrir ce mystère, que tu n'as pas longtemps réfléchi à la manière dont elle est arrivé jusqu'à là. Enfin, si tu lis cette lettre cher inconnu, tu feras la connaissance de la créature la plus arrogante de la Terre, tu découvriras le plus profond de son être, tu seras absolument tout de son âme. Qu'importe la façon dont tu liras cette lettre, sache que j'y est mis toute ma vie ; de ma maudite naissance à mes joies les plus belles, de ma plus grande souffrance à leurs douloureuses absence, et de cette pathétique vie jusqu'à mes plus grands soucis. Pour finir, en fermant cette lettre, repense à ta vie. A ce que dont elle est faîtes. Ce que tu as eu, et ce que tu n'auras jamais. Profite de cet brève instant pour repenser au plus beau jour de ta vie : pense-y très fort. Comme s'il ne te restait qu'une heure à vivre.

J'ai vu le jour en Russe à Moscou, comblé par l'amour de mes deux parents, Vladimir et Daniella Alexeïeva ainsi que la présence rassurante de mon frère ainé, Samuel. J'aurai pu me croire dans un conte de fée, penser que rien ne pouvait arriver. Mais je me suis trompée. Car tout à basculé ce jour le plus froid de l'année mil neuf cent quatre-vingt treize, le vingt-trois décembre pour être précis. Il me semble ce jour-là qu'il neigera pour toujours. Mes cris, mes larmes et mes chagrins n'existent pas, du moins, c'est ce que je crois. Il fait froid dehors, très froid ; le vent souffle sifflant un léger bruit accablant, les trottoirs se métamorphosent en gigantesque pavé de glaces, les vitres brisés se laissent emporté par le chant des cieux. Les arbres deviennent d'étranges créatures blanchâtres et immobiles. Les rues sont désertes, aucun signe d'un bout d'existence. Et pourtant, il s'est passé quelque chose de grave ce jour-là. Un terrible événement qui aura à jamais basculé ma vie vers le côté obscure de mon existence. Je n'avais à peine quatre ans en ce jour le plus froid de l'année. « Je suis désolée Mademoiselle, ils n'ont pas survécu » Un cri effrayant avait transpercé mes tympans. Celui de ma tante Lucy qui venait d'apprendre la nouvelle. J'ignorais tout comme mon frère les conséquences que leurs départs allaient provoqués dans notre vie. Je l'ignorais complètement. « Toutes mes condoléances ! » C'est ce jour-là que mes parents sont morts, tués dans un accident de voiture. J'aurai voulu ne jamais naître, offrir mon désastre, jeter mon orgueil, et pleurer ma défaite. Mon espérance déchue était à présent résolu ; je devais m'y faire. Vivre sans eux. Et je n'y peux rien. La nuit est tombée depuis longtemps, offrant aux habitants un spectacle féérique. La lumière extérieur illumine le sol glacé brillant milles éclats. Ce sombre voile a recouvert la ville enneigée. Rien ne bouge. Sauf moi. Encore. Ma chair toute neuve ne montre aucun signe de résistance ; pourtant, au plus profond de mon coeur, je le sais. Je ne suis plus faîtes pour vivre puisque mon âme se fissure à chaque mouvement de l'aiguille. Le temps me semble insoutenable. Mes poumons me font atrocement mal : qu'il est dur de devoir se battre, ne serait-ce que pour respirer. Seconde après seconde, je vois bien le regard de mes parents se dirigeaient vers moi. Comme pour m'offrir un dernier adieu à l'oracle de la Lune; La nuit me paraît différente ; pour la première fois, j'apprends, je découvre, je vois. J'observe ces différentes couleurs, le ciel sombre rempli d'étoiles. La lune me sourit, remplissant mon coeur d'un surprenant bonheur. On ne découvre pas la vie, comme l'on découvre le soleil : c'est un rayon qui ne cesse de brillé seulement si vous tentez de l'illuminer chaque seconde de votre existence. Dans le cas contraire, vous sombrez dans une mélancolie maléfique où vous ne pourrez pas sortir. Sans l'odeur enivrante de maman qui me berçait le soir, et sans les bras procteurs de papa qui me protégeaient toujours, c'est le néant. Le vide. Le chaos. Un trou noir. Une blessure – ou deux – sur le cœur. En ce jour le plus froid de l'année mil-neuf cent quatre-vingt treize, ma vie a basculé à jamais. J'ai perdu pour toujours mes deux parents, ma vie en quelque sorte. Je n'aurais jamais totalement véçu une existence normale. Comme être normale dans ces circonstances ? Peut-être que je devais mérité ça, de souffrir dès mon plus jeune âge. Puisque je ne suis qu'un papier brûlé, il faut mieux me détester. Hais-moi cher inconnu ! Dis-toi que je suis la pire des garces, un mélange de Paris Hilton et de Britney Spears. Une pétasse comme tu n'en auras jamais vu auparavant. Une fille sur un trottoir qui ne veux que des billets en échange d'un voyage sur son corps meurtri. Je t'en supplie cher inconnu : imagine-toi un bébé sans sourire, sans yeux bleus, imagine-toi un monde sans amour, sans plaisir ni désir. Imagine-toi le monde à l'envers, la France à la place de la Chine, l'Espagne en Australie. Dis-toi que je ne suis tout ce que tu n'aimes pas. C'est un monstre que tu vois. Hais-moi ! N'apprécie aucun trait de mon visage, aucun signe, aucun geste de ma part. N'aime aucun rire, aucun soupire. Déteste-toi, tu n'as rien à faire d'autre que ça. Dis-toi que j'ai de bleus au coeur, des cicatrices imparfaites, des cassures sur la tête. Je suis tarée, un cerveau vide, et sans avidité. Je n'ai pas de vie, ni d'âme. Je ne suis rien cher inconnu. Je suis morte il y a six heures, quarante-deux minutes, et seize secondes. En même temps que mes parents. Je ne suis plus Agnes. Ce n'est pas mon nom. Mon nom est rien. Hais-moi. Au fond de toi, tu le sais bien : tu as pitié. Mais ne ressens rien : je ne le mérite pas. Je ne désire que du rejet ; c'est comme ça que j'ai été faîtes. »

♣ act II « please don't leave me . . . come back and take my hand. »


Froide. L'eau était froide, cher inconnu ! Sous l'eau mes poumons plongés dans un océan de confusion, j'étais hantée par mes pensées. J'aimerai tellement pouvoir effacer ma mémoire. Supprimer ce que mon esprit a tant de mal à cacher. J'aimerai tant pouvoir enlever ces horreurs. J'aimerais réellement pouvoir mettre un voile sur cette partie de ma vie. Ou peut-être même sur ma vie entière. Ces images son cris, lui, je voudrais les faire disparaître de mes souvenirs. Je ne ressentais rien d'autre que la douleur, l'obscurité dans laquelle mon immense solitude pouvait me plonger désormais, la déchéance et la peine qu'engendrait la moindre pensée quand je découvrais son visage. Sa voix résonnait encore. Les sourires dessinaient sur ses lèvres s'accordaient aux miens. Le chagrin de ce souvenir torturait mon âme, mon cœur, et mon esprit tout entier. Était-ce mon inconscience qui m'avait menée au danger ou le risque lui-même de repenser à Lui ? Du crépuscule à l'aurore, les regrets étaient de violents échos qui me rendaient l'existence difficile. La colère me rongeait lorsque la nuit, j'étais seule, confrontée à mes responsabilités. J'ai heurter de trop près la stupide partie de mon être qui ne voulait qu'une chose ; le rejoindre par n'importe quel moyen. Tout ça pourtant n'était que le fruit de ma frustration naissante. C'est fou, il y a quelque mois de ça, je le prenais encore dans mes bras. Je me souviens de ses paroles qui me disaient toujours « On y arrivera tu verras. On a toujours vaincu le mal. Toi, et moi. » Ces paroles-là, il l'est a prononcé la dernière fois. L'unique et dernier instant de nos Adieux.

Les rafales de vent avait ballonné mes larmes lorsque je sortais de l'hôpital ce soir-là. Quelques minutes plus tard, il était parti. « Je te le promets, Sam. Je te le promets ! » Ces putains de poumons malades ne pouvaient survivre. Je ne pouvais rien faire, impuissante face à sa propre souffrance. J'aurai aimé que les lueurs de l'été transperce son coeur, et anéantit ces ombres destructrices pour le maintenir en vie. Sa main brûlante serrait si fort la mienne que je croyais mes os broyés par la force. Il m'a murmuré à l'oreille d'une voix si calme et apaisante que je survivrai. Je renaîtrai, c'est ce qu'il disait. Mais je n'étais qu'une incapable. Lorsque les coups de douleurs fusaient sur les traits de son visage, je fermais les yeux pour laisser place à un torrent de larmes. A son chevet, je devinais qu'il partirai bientôt. Il ne voulait pas que j'assiste à ça. Il me croyait trop jeune. Hors, mes dix-septs années m'avaient tant achevé par la perte de mes parents que je pouvais assister au pire moment de ma vie. Hélas pour lui, j'étais déterminée à rester ici jusqu'à ce qu'on vienne l'emmener au paradis. Il ne voulait pas que j'assiste à ça. Sa peau était devenu si pâle que je sentais déjà la mort me l'enlevé. J'entendais les cieux narguait ma peine. Le rire du diable résonnait dans mon esprit. Il était tôt ce jour-là ; peut-être huit heures du matin. Les rayons du soleil illuminait déjà toute la ville. Sauf lui. C'était la fin. Je l'avais vu dans ses yeux quand il m'a regardé pour la dernière fois, tandis que j'avais crié à m'en tuer les cordes vocales un « Ne t'en va pas ! ». Lorsque j'ai vu le poids intense de sa souffrance envahirent une dernière fois sa respiration, j'ai compris. J'avais hurlé aussi longtemps que je m'en souvienne. Les médecins étaient venus, interpeler par mes cris meurtriers. Ils ont essayés de me calmer, plutôt que de tenter de le sauver. J'ai passé la journée à pleurer en regardant ses yeux clos, enfermés dans un monde de paix et d'amour. Du moins, c'est ce que j'espérais. Je comptais les lourdes secondes passaient. Le soleil brillait. Et depuis ce jour, je le déteste de m'avoir enlever mon frère. Quand la nuit est tombée, que les larmes ont été versés, j'ai lu dans l'ombre d'une soirée orageuse, assise au volant de sa voiture, la lettre qui m'avait écrite. Mon coeur s'est arrêté de battre, mais le sourire qui régnait sur mes lèvres, lui, était éternel.


« Chère soeur ,

Si tu lis cette lettre, c'est que je suis sans doute parti vers une autre galaxie admiré les étoiles. Et dans chacune d'elles, j'y verrais une partie de toi. Je me souviendrai toujours de nos souvenirs passés, nos regards échangés. Je me souviendrai de ta générosité écrasante à vouloir sauver l'humanité. Tu excellais dans tout les domaines, même lorsque nous étions jeunes à jouer à Tarzan. Tes frêles épaules ont tant de fois soutenus les miennes. Je me souviendrai de t'avoir entendu dire un jour que tu existes sans vivre. Et qu'à cet instant-là, je m'étais jeté dans tes bras pour te dire à quel point, je tenais à toi. 'Parce que nous sommes liés pour l'éternité'. Ma vie, je ne l'ai jamais vu sans ta présence. Petite soeur, mon double, je me souviendrai toujours de la couleur de tes yeux dans lesquelles j'aimais tant me confié. Je me souviendrai de t'avoir dit en observant la Lune que tu étais celle qui guérissait mes blessures. Celle qui était l'antidote. Tu est mon sang, mes propres veines, Agnes. Ne l'oublie jamais.

Je me souviendrai toujours de ces paroles réconfortantes qui me faisaient chavirer le coeur. Je me souviendrais du jour où nous avions marqués la première lettre de nos prénoms sur un arbre dans la forêt à côté de la maison. Nous l'avions appelés l'arbre à souhait. C'était ici qu'on venait pleurer, toi et moi. Ensembles pour faire disparaître notre chagrin. Et le mieux dans tout ça, c'est que ça marcher tellement bien que j'étais heureux de verser quelques larmes avec toi à mes côtés. Ensuite, on priait main dans la main pour un monde meilleur. Parfois on suppliait Dieu de nous ramener Maman, son sourire et la chaleur de ses baisers sur nos joues. Cet arbre était devenu 'notre' arbre. Ce n'était plus n'importe lequel. On aurait pu le reconnaître parmi tant d'autres. «A&S». Ne l'oublie jamais.

On y est. Je ne suis plus qu'un pauvre cadavre dans un lit d'hôpital. Et toi, tu dois sans doute lire cette lettre à moitié-effondré mais avec ton sourire merveilleux aux lèvres. Ce sourire qui me montrait chaque jour à qu'elle point la vie valait le coup d'être vécu. Le monde est beau, Agnes. Il suffit juste d'y croire. Crois en ce que nous formions à deux. Crois en nos souvenirs, et à ce que nous avons partagés ensembles. Ce sont des instants uniques, petite soeur. Les meilleurs de toute ma vie. Et surtout, n'oublie pas qu'on y arrivera, tu verras. On a toujours vaincu le mal. Toi, et moi. A présent, je suis parti mais je serais toujours là. Près de toi. Je ne t'abandonnerai jamais. Je te le promets, Agnes. Je te le promets !

Je t'aime pour toujours,
Adieu, Sam. »


Ainsi, j'ai compris qu'il était vraiment parti.

La partie la plus dure dans les adieux, c'est de devoir le faire chaque jour. Dans une baignoire glacé, noyé par ses souvenirs. Dans un salon, à pleurer sur les photos du passé. Et malgré les 'au revoir', il faut continuer à vivre. A exister. Mes poumons asséchés n'avaient plus d'air et me rappelaient à la raison. Je remontai à la surface après avoir bu la tasse. Je sentais mes membres fléchirent. Et ma pensée se ressaisirent. J'expulsais le plus rapidement l'eau qui s'était aventurée dans mes poumons, et qui me brûlait à l'intérieur. Mon souffle incertain traduisait à la perfection la faiblesse de mes pensées, cette foule incessante de souvenirs qui déferlait dans mon crâne. Et soudain, mon esprit s'est fait un malin plaisir à reprendre le dessus, à l'instant même où son visage est réapparu, dans le reflet de l'eau glacé à mes pieds. Cette nuit-là, il était ancré dans ma tête. J'ai rêvais de nous ; du haut de cet arbre à pleurer, serrer l'un contre l'autre, prêt à dire adieu à nos souffrances. Mais comme dans chaque rêve oû il apparaissait, je lui parlais : ces marques de toi sur mon âme ne veulent pas s'en aller. Il n'y a rien à faire. Mes larmes continuent de parcourir ma peau. Et ton souvenir trop présent inonde mes rêves destructeurs qui liquide mon être. Tu sais, Sam, je ne n'oublies rien. Loin de là. J'aimerai juste savoir comment faire pour me passer de toi.

■ it's a cold and it's a broken hallelujah ■
« it's like adrenaline, the pain is such a sudden rush for me »

♣ act III « you jump, i jump right ? »

Le monde doit tourner dans le mauvais sens, à moins que ce soit moi qui soit différente; dire que tout va bien, que tout va bien se passer, n'est que mensonge. Les yeux fermés, je voyais défilé d'innombrable images ; des gens qui regardent d'autres gens, des chagrins qui croisent des tourments, de belles histoires qui n'avancent pas, et un beau conte de fée qui s'achève. Au fond, je suis seule. Je n'ai personne près de moi ; la solitude tombe du ciel comme ces maudits flocons de neiges, et vous attaque par surprise. Je compte souvent la chance qu'il me reste de connaître le bonheur, mais c'est toujours le même film qui passe. Ces couples qui s'enlacent pendant une éternité sans se quittés. Je sais que je ne vivrais plus jamais ça. J'ai l'impression d'aller nulle part, de revenir sans cesse à la case départ. Ma vie est un brouillon, une pâle copie d'une erreur commise. Je ne m'attendais pas à ressentir cette douleur dans ma poitrine. Quelque chose qui palpite faisant exploser mon coeur. Ma cage thoracique tambourine inégalement. J'étais partagée entre deux êtres, chacun désirant la mort de l'autre. La fin était inévitable. Tenter de l'échapper était perdu d'avance. Le diable rit devant moi, comme pour me punir de mes erreurs. « Il est mort Agnes. Mort; Capoute.» Je le sais bien. J'ai compris. Il est mort. Fini. Fini de vivre. J'ai mal au coeur. C'est au delà des rêves et des promesses, le temps passe, mais rien ne le remplace. Il est parti cette nuit. J'en en marre, cher inconnu. Putain de merde, il est parti. J'ai rien vu, rien compris. J'ai le droit de dire pourquoi ? Droit de dire, je sais pas ? Droit de rester là ? Dans une lettre comme celle-ci, je lui ai écrit : « Tu sais, depuis que tu es partie ma vie n'est plus qu'un monde sans artifice dans le ciel, plus rien n'illumine mes rêves. Tu est là dans mes pensées, absent dans mes bras.Je te chercher du regard grand frère, mais tu n'es pas là. Et je ne peux plonger mes prunelles dans les tiennes. Je me suis dit, quand tu es partit, que la vie recommencera sans aucun soucis. Mais, j'ai été idiote d'y croire. Parce que t'oublier est impossible; tu es là, toujours là. Où que j'aille. J'aurai beau m'enfuir à l'autre bout du monde, à changer de tête des milliers de fois, à croire au bonheur, à boire un verre ici ou là, toi, tu m'envahit. Encore. Sans doute est-ce ce lien de sang. Tu sais, moi j'y crois encore.. J'me dis que tout pourrait devenir comme avant. Avant que tu t'en ailles. J'aurai tellement de chose à d'écrire, tellement de chose à te dire. Je voudrais tellement que tu te souviennes de ces jours heureux, où nous étions ensembles. Ces instants qui me manquent, ton absence qui me tue. Je t'aime Sam, et je te pardonnerai quoi qu'il advienne. Parce que tu as été le seul à être à mes côtés après la morte de papa et maman. Reviens-moi, je t'en supplie. Il y a cette balançoire vide qui t'attends, et mon coeur évidemment. Fais-moi encore rêver. Donne-moi encore ces mots. Retournons à l'arbre à pleure ensembles. Tu me manques tellement. » Je suis rien . Oui, c'est ça, j'suis juste malade. J'ai cette maladie, la maladie de lui. Le pire dans tout ça, c'est que j'aurais pu être heureuse avec lui, pour toute la vie. Je n'étais qu'une gamine, je n'avais que dix-sept ans. Il a réussit à gravé sur mon coeur ces mots indescriptibles : « On y arrivera tu verras. On a toujours vaincu le mal. Toi, et moi. » Désormais je suis seule. Totalement seule.


♣ act V « lights will guide you home, and ignite your bones, and I will try to fix you »

Je me suis dis, avec le temps, qu'il est parti depuis longtemps. Il viendra longtemps marcher dans mes rêves, il viendra toujours du côté où le soleil se lève. Et si malgré ça j'arrive à l'oublier, j'aimerais quand même lui dire, tout ce que j'ai pu écrire, aura longtemps le parfum des regrets. J'dois plus l'attendre, j'dois plus souffrir. J'dois juste avancer, ne plus mourir. « Faut me comprendre après tout, je lui ai écris chaque jours ; trois cent quatre vingt-cinq lettres au totale. Chacune qui représente un bout de mon être, mon amour pour lui. Il s'en fou, il me répond pas. Il dit rien, il me laisse comme ça. Je dois me relever, ne plus y penser. L'oublier, simplement, l'oublier. C'est facile à dire, facile à écrire sur un bout de papier. J'dois m'y faire. J'ai pas le choix. Cher inconnu, comprends-moi. J'ai trop souffert pendant un an, à espèrer son retour comme une conne. Bien sûr, j'aurai du écouter mes amis, : mais j'suis finalement cette pétasse que tu dois tant détester ; cette maudite fille trop tarée. Que veux-tu, je suis rien. Mon nom est rien. C'est pas un hasard. Parfois, je me pose des tas de questions qui restent sans réponse. Ais-je déjà un jour mérité de vivre, de respirer le bonheur des gens, de profiter des aléas de la vie ? Je n'en suis pas certaine. J'ignore si un jour je pourrais être heureuse, dans ce monde qui s'évertue jour et nuit vers un univers plus cruel. Je hais ces gens qui dépensent leurs argents dans des limousines pour des millions de dollars alors que d'autres comme moi, souffrent en silence sous leurs yeux pourtant remplis d'innocence. La nuit où j'ai perdu à jamais mes parents, je pressentais déjà que Dieu ne m'aimait pas. Le jour le plus froid de l'année. La lune était certes magnifique, éclatante d'une lumière éblouissante tel une voile enneigé. Mais je n'étais qu'un monstre, un de plus. Et il aura fallu que Sam s'en aille à son tour pour achever un peu plus mon âme. J'ai une déchirure sur le coeur, né à l'envers brisé par une foudre destructrice. Les larmes coulent sur mes joues, tombant parfois sur mon papier créant ainsi une violente mélancolie. Mes doigts tremblent. L'encre est mon seul refuge. Écrire m'a sauvé la vie, l'âme que je peine à trouver. J'y arriverai un jour. C'est ce que je me dis toujours. Mais j'ai peur qu'une méchante fée vienne s'abattre sur moi, me jetant un mauvais sort pour me condamner à jamais. Je me cherche toujours. Je ne sais pas qui je suis, ni qui je devrais être ou ne pas être. 'attendras-tu cher inconnu ? Seras-tu là pour moi ? En tout cas, j'espère que oui. Pense à moi quand tu écriras quelque chose, n'importe quoi. Mais pense à moi. Si plus rien ne va cher inconnu, relis cette lettre, dis-toi que j'ai connu les plus durs misères au monde. Souris à présent si tu sens ton coeur fléchir. Je ne serais jamais loin. C'est drôle, vois-tu : je ne suis qu'un bout de papier, quelques gouttes d'encre, et pourtant, je t'ai livré toute mon âme. C'est ça la beauté de l'écriture ; je t'ai offert ma vie, offre moi la tienne. Ecris-moi toi aussi. J'apprécierai chaque lettre, chaque mot avec tendresse. Je te promets de penser à toi, de t'imaginer, de t'aimer. En retour, fais-moi la promesse d'une seule chose : en refermant cette lettre, demande-toi si je fais partie d'un bout de ton être. Si c'est le cas, c'est que j'aurai au moins touché une personne dans ma misérable existence. Cher inconnu, je te dis en toute sincérité : j'ai souvent pensé que j'étais ce genre de fille imprévisible que personne n'aime. Suis-je vraiment conne ? Ais-je un problème de coeur ? Réponds-moi, parce que je moi, je ne sais pas. Je ne sais plus.
Amicalement, Agnes Vera Alexeïeva. »