• • • • • • • • • • • • • • •

Tapis dans l'ombre j'attends encore mon heure. Cachée d'une réelle identité. Perdue dans ma spirale de désaccord. De mensonges. Personne ne semble savoir qui je suis vraiment. Ce que j'ai fais. Comment j'en suis arrivée là. Entre ombre et lumière, une porte suffit. Alors voici mon histoire.

Sheffield, Angleterre, hiver 1987

Ray et Mary Martins, amoureux comme le premier jour de leur rencontre. Mes parents. Ma naissance. Un petit être qu'ils aimeront, autant qu'ils le pourront. Je ne pouvait pas souhaiter mieux. Pointer le bout de mon nez au milieu d'un couple comblé. Ça allait être le début d'un bonheur sans contre-partie. Du moins c'est ce que tout le monde aurait cru... Alors que les flocons tombaient, les eaux coulaient, et je sortais. Des cris, des pleurs, puis de la tendresse. Nous formions une famille, j'étais la pièce qu'ils attendaient pour finir le puzzle. Ray et Mary avaient une fille avant moi, de 2 ans mon aîné. Ils m'attendaient pour achever leur cercle de bonheur.

[...]

J'ai toujours été élevée correctement. Petite fille sage j'étais devenue. Je grandissais convenablement. Tout le monde enviaient mes parents d'avoir des enfants aussi respectables. C'est vrai qu'ils n'avaient pas à se plaindre. Nous ne manquions de rien, et je pense que mine de rien ça jouait sur notre éducation. Lyra et moi étions pour ainsi dire, des gamines modèles ! Pas de fugues, pas de clopes, des bonnes notes à l'école...

Show me the way to yer kingdom come

J'avais passé l'adolescence sans en faire voir de toutes les couleurs à mes parents. J'avais atteins la majorité. A l'époque, certains auraient pu définir ma vie comme platonique. Elle était monotone et faite de routine, mais je ne m'en plaignais pas pour autant, je n'avais connu que ça. Ça m'était égale de ne pas sortir tout les vendredi. De ne pas avoir une foule d'amis. Je privilégiais la qualité à la quantité. J'étais confortablement installée dans mes habitudes, mais c'était justement là le problème. A trop être couvée, je ne pouvais pas me révéler, je ne pouvais pas être moi-même. J'étais comme eux le voulait, je me prêtais au moule. J'étais gosse, je ne savais encore rien de la vie ; je ne savais pas ce qui m'attendais. Quand on est gamin, on évolue avec des exemples, des modèles, des idéaux. J'ai compris plus vite que les autres mômes que je ne ne voulais pas rester dans ce moule préformé. Une vie est toute tracée pour chacun d'entre nous dès notre naissance, si ce n'est bien avant. Car je pense que tout ce que nous sommes entrain de dire, doit être dit, et je suis sûre que tout ce que nous sommes entrain de faire, doit être fait. C'est notre Destin. Je me devais de découvrir le mien moi même, et pas par procuration. 20 ans, j'avais déjà passé une bonne partie de ma jeunesse à Sheffield et je commençais sérieusement à m'étouffer. Oppressée. Tout le monde te connais, tout le monde te surveille. Tu n'es pas libre de tes mouvements ni de tes actes. J'avais soif de liberté, de changements, mais je n'osais pas quitter ma mère ni même mon père.

Cependant, avant que je ne puisse souffler, tout allaient être bousculé. En un rien de temps. Personne n'a pu prévoir. Pas même le temps de pousser un crie. La tragédie se produisait... Une nuit à la sortie d'un cinéma. Une rue. Des pas. Une agression. Un, deux puis trois coups de feu. Ray et Mary à terre. Pétrifiée, j'attendais, détaillant la scène qui se déroulait devant mes yeux. Lyra fut la seule à réagir. Attrapant mon bras, elle courait, m'entrainant dans sa course... Un règlement de compte. Un putain de règlement de compte. Mais les agresseurs s'était trompés de cible... Mes parents y ont laissés la vie.

Foudroyée par la rage, mon désir de vengeance m'obsédais. J'avais compris que dès qu'on se plaçait en marge de la société, on renonçait à la sécurité que son cadre procurait. Hors du carcan social, le sang et les balles sont l'unique lois. Si t'es une personne de conviction, le recours à la violence est inévitable. J'ai eus ce que je voulais, ils ont payés pour ce qu'ils avaient fait... Quand on passe à l'action pour venger ceux qu'on aime, la justice personnelle entre en conflit avec la justice social et divine ; on devient le juge, le jury et Dieu. De ce choix découle d'effrayantes responsabilités.

C'est à la suite de tout ça que je suis partie pour le sud. J'ai passé un an à Londres, puis j'en ai eu marre. Tout ces gosses de riches qui évoluaient à côté de moi sans prendre conscience d'une misère, ça me foutais la gerbe. Je ne pouvais m'attendre qu'à ça. Je refusais de me plier à leur monde.
Rassemblant mon fric, je prenais un billet pour Stockholm. La Suède. Je ne vais pas m'appesantir sur le poids du passé, revenir en arrière n'a jamais réglé les problèmes du futur ! Il faut avancer. A partir du moment ou chaque événement à venir se doit d'être jugé, jaugé, étudié ; on est en droit de se demander si l'ont a bien pris la bonne direction. Seuls, on ne se pose que peu de questions.

Stockholm ne m'a pas rendue ce que je voulais. Elle ne m'a pas apaisé mais m'a apporté la liberté. Mais la liberté s'acquière auprès de sacrifice et de souffrances. La plupart des hommes croient vouloir être libres, mais la vérité est qu'ils se complaisent dans les carcans de l'ordre social, des lois rigides et du matérialisme. Moi je respire, je suis loin de tout ça. J'ai conscience que dans ma spirale du désespoir, je tombais dans une abysse crée par mon absence de grâce envers l'humain. La plus évidente étant le pardon. Pas question de tendre l'autre joue. Quand les rapport humains deviennent un livre de comptes, on n'a ni amis, ni être chers, rien que des plus et des moins. On est complètement seuls.

Voilà trois ans que Sheffield est loin. Je refais ma vie, mon parcours. Appelez ça comme vous voulez. Tout les idéaux que j'aspirais déjà auparavant n'ont de cesse de remonter et me renforcer. Je suis comme je suis, je ne vie pas pour les autres. Depuis que je suis là, je travail pour le compte de Dreck, entant que tueuse à gage. Rapidement et proprement. La petite fille sage et obéissante n'était plus. Elle était enterrée. Morte en même temps que ses parents. La gentille benjamine des Dunaway est loin...

.

I'm living for my own demise